„Nicolas Sarkozy s’est sans doute hier donné un peu d’air. Et il faut lui reconnaître qu’il a très habilement mené sa contre-offensive politico-médiatique pour tenter d’éteindre le tumulte provoqué par l’affaire Woerth-Bettencourt. Il s’est engouffré tête baissée la semaine dernière dans la brèche ouverte par les rétractations partielles de l’ex-comptable de Liliane Bettencourt à propos des enveloppes d’argent liquide qu’il serait lui-même venu chercher lors de ses visites chez la milliardaire. Il a imposé son tempo pour »blanchir« son ministre dans le volet »fraude fiscale« de l’affaire.
Il a su hier lâcher le minimum en conseillant à son ministre du Travail de renoncer à sa fonction de trésorier de l’UMP. Du grand art. Sauf que le Président n’a pas répondu à une question majeure soulevée par l’ex-comptable, toujours posée après les premières auditions policières mais pas abordée lors de l’entretien télévisé: celle de l’implication éventuelle d’Eric Woerth dans un financement illégal de sa campagne de 2007.
On aurait aimé que le Président, de lui-même, l’exclue. Il ne l’a pas fait. Dommage. Les enquêtes en cours menées par le procureur de Nanterre pourront-elles faire la lumière sur cet épisode? En toute indépendance? Sinon, il est à craindre que comme souvent en France, une contre-offensive politique aura eu raison de l’esprit de justice. Ce qui serait dommage pour l’avenir de la »République irréprochable« que souhaite Nicolas Sarkozy.”