„Viktor Orban et son parti conservateur, le Fidesz, aiment visiblement jouer avec le feu. Après avoir embrasé les esprits européens en adoptant de nouvelles dispositions controversées sur les médias, voilà qu’ils entendent faire adopter une nouvelle Constitution »au mois d’avril«, a affirmé le Premier ministre la semaine dernière. En pleine présidence de l’Union donc. Un projet audacieux lorsqu’on sait qu’une telle réforme peut, a fortiori dans un pays politiquement très clivé comme la Hongrie, facilement mettre le feu à Budapest et par ricochet polluer le semestre européen du pays.
Le Premier ministre a pourtant conditionné la réussite de sa présidence européenne notamment à l’apaisement politique : »Il ne faut pas qu’un mauvais débat politique jette une ombre sur la présidence«, a-t-il déclaré vendredi à la presse. Avec une réforme constitutionnelle, l’homme fort du pays met-il vraiment toutes les chances de son côté?
Le chef de l’Etat, Pal Schmitt, semble en douter mais, au-delà du calendrier malheureux, appuie la démarche. Bien qu’elle ait été révisée par des lois depuis 1989, en supprimant par exemple toutes les références au socialisme ou en permettant à l’Etat d’adhérer à l’Union, la Constitution hongroise date toujours formellement de 1949. Viktor Orban, qui au détour de chaque entretien rappelle combien il s’est battu contre le communisme dans ses jeunes années, compte bien profiter de la confortable majorité des deux tiers qu’il a décrochée au Parlement pour modifier le texte remontant à la République populaire et considéré comme »intérimaire« depuis vingt ans. »Nous avons besoin d’une Constitution adoptée en période de démocratie«, insiste-t-il.”