„Bachar el-Assad tombera comme d'autres dictateurs arabes avant lui. La seule différence, qui le met dans la catégorie des Kadhafi, est qu'il entraînera son pays dans sa chute. Un régime qui torture les enfants, tire sur les femmes et lance ses chars contre les foules désarmées a perdu tout espoir de regagner, un jour, la moindre légitimité. Surtout quand il lève l'état d'urgence pour se lancer aussitôt dans une répression encore plus féroce.
Le régime ne cherche même plus à faire semblant. Il en est à pratiquer la politique du pire. À l'intérieur de ses frontières, il joue l'escalade plutôt que le dialogue. À l'extérieur, il se sert de la carte palestinienne pour provoquer Israël afin de détourner l'attention de ses propres exactions. Pendant des années, l'on a accordé au système Assad le bénéfice du doute. Avec le millier de morts de ces onze dernières semaines, ce pari n'a plus de raison d'être. Alors que la frontière avec Israël était la plus calme de toutes, le Golan est en train de redevenir un champ de bataille. Le pouvoir en place à Damas n'est plus ni un garant de la stabilité internationale ni un rempart contre le chaos et les rivalités ethniques. Il est devenu un facteur de guerre civile et de désordres régionaux.
Le moment est venu de prendre acte de ce changement radical. Le projet de résolution soumis au Conseil de sécurité de l'ONU n'envisage aucune intervention militaire mais condamne la répression. Avant d'opposer son veto, la Russie devra peser sa décision. Le monde ne peut laisser Bachar el-Assad précipiter le Proche-Orient dans l'abîme.”