„Sur France 2, lundi 16 mai, je m'élève avec force contre la décision de la juge Melissa Jackson de maintenir en détention Dominique Strauss-Kahn. J'affirme que cette décision illustre le caractère partisan et unilatéral de la procédure à charge engagée contre lui. J'observe en effet qu'elle est contraire à une tradition américaine: la libération provisoire sous caution est généralement accordée sauf homicide. Autrement dit, selon une vieille formule française, sauf mort d'homme. Est-il sacrilège de s'indigner contre une mesure qui foule au pied cette pratique constante ?
Aussitôt s'enclenche alors contre moi un mini-procès en sorcellerie. On isole à dessein les mots mort d'homme pour en déduire que j'aurais ce jour-là banalisé le crime de viol. Tour de passe-passe étrange: alors que mon propos porte sur la seule procédure de détention, on fait comme si je m'étais prononcé sur le fond du dossier que je ne connais pas.
Le professeur de droit que je suis s'est assez battu, en France et ailleurs, contre les gardes à vue arbitraires ou les emprisonnements illégaux pour ne pas dénoncer un abus de pouvoir commis par un juge américain à l'encontre d'un citoyen français. A partir de mes propos défigurés, on me soupçonne de complaisance à l'égard de crimes sexuels que j'ai toujours vigoureusement combattus. Comment peut-on me prêter une pensée aussi vulgaire, aussi imbécile, aussi basse et aussi manifestement contraire à mes convictions de toujours. Militant féministe de longue date, je mène un combat acharné contre toutes les formes de sexisme et de machisme. Ma lutte pour les droits, et notamment les droits des femmes, est connue de beaucoup. Elle est constitutive de mon engagement civique depuis ma jeunesse.”