La guerre, histoire d’avoir la paix

„Si les Etats-Unis sont le gendarme du monde, la France veut désormais être la gendarmette régionale. Peut-être que, au nom de la géographie, on va bientôt mettre de l’ordre en Belgique. Mais nos opérations en Libye et Côte-d’Ivoire relèvent aussi du «Faut pas gâcher»: on n’allait pas laisser rouiller le matériel qu’on n’arrive pas à vendre. Des mauvaises langues nous reprochent de laisser tomber nos amis Muammar al-Kadhafi et Laurent Gbagbo. Mais nos amis, ce sont les peuples ivoirien et libyen. Ça n’a pas toujours été évident, mais si la guerre n’est pas une preuve, quoi? Michèle Alliot-Marie a été punie pour avoir voulu envoyer des matraques, maintenant on envoie des missiles. C’est plutôt de destinataire qu’elle s’était trompée. Espérons que ça ne va pas nous arriver aussi, au gré de désastres collatéraux. Il semble que, comme aux policiers, on demande désormais aux militaires de faire du chiffre: tant de bombardements quotidiens. On ne tue que des méchants, on fait très attention aux gentils. Nos bombardiers sont sûrement assermentés.

Si l’électeur français est la cible de Nicolas Sarkozy dans ces opérations, elle paraît un peu ratée. Les avions décollent plus que les sondages. On dirait que nos gouvernants ne passent pas leurs vacances en Libye ou en Côte-d’Ivoire et ne possèdent rien dans l’immobilier afghan. Les mots «Casse-toi, pauv’con» s’internationalisent. A destination de Muammar al-Kadhafi et Laurent Gbagbo, l’expression est devenue: «Casse-toi, pauv’con, et plus vite que ça.» Nicolas Sarkozy ne pouvant rien faire en politique intérieure sans qu’on le lui reproche, il a dû penser que des guerres extérieures étaient la meilleure façon d’avoir enfin la paix.”