La « Conférence sur l'Avenir de l'Europe » a aspiré à offrir un forum de discussion sur les réformes nécessaires de l’UE de même que sur l’avenir du continent européen. Comment évaluez-vous ses recommandations ?
Il ne faut évidemment surtout pas suivre les recommandations des panels de la « Convention sur l’avenir de l’Europe » qui est une scandaleuse imposture démocratique. Cette convention à laquelle ont participé un petit nombre d’inconnus qui n’ont été élus ni mandatées par personne n’a aucune légitimité et a été manipulée par des lobbys fédéralistes militants. Comme il fallait s’y attendre, la Convention propose, entre autres, de réduire le nombre de décisions prises à l’unanimité, d’augmenter les compétences de l’Union dans de nombreux domaines, d’instaurer des listes transnationales aux élections européennes et d’aggraver encore le carcan juridique fédéral sur les États-nations.
Tout le catéchisme « progressiste » s’y trouve et le résultat ressemble à une liste de revendications de collégiens immatures menés par Greta Thunberg.
C’est irresponsable.
Quel avenir envisagez-vous pour l’intégration européenne et pour l’Europe ? Comment faudrait-il l’améliorer ou reconstruire, selon vous, pour mieux répondre aux besoins des nations et des peuples européens ?
A vrai dire, il faudrait réécrire une grande partie des traités dont les dispositions, écartelées entre le TUE, le TFUE, leurs protocoles et les annexes, sont beaucoup trop complexes et surtout contradictoires. L’article 4 du TUE nous dit que l’Union respecte les normes constitutionnelles et les identités nationales des Etats mais, en réalité, l’article 2 sur les valeurs, la Charte des droits fondamentaux et la rédaction des dispositions du TFUE sur les politiques de l’Union aboutissent à confisquer les compétences et les libertés nationales. On proclame des principes (attribution, subsidiarité, proportionnalité) que l’on s’attache ensuite à contredire en étendant sans limites les interventions de l’Union dans tous les domaines. Il faudrait que des États s’unissent pour exiger, comme le prévoit l’article 48 du TUE,
une révision tendant à réduire les compétences de l’Union selon des principes clairs plus respectueux de la souveraineté et de l’identité des États-nations.
Mais le verrouillage et le chantage sont tels qu’il y faudra du courage, de l’endurance, de la fermeté et de la patience. Pour l’instant, le parlement, la commission et la fameuse « Convention sur l’avenir de l’Europe », dont le président Macron se fait le porte-parole, proposent à l’inverse, d’accentuer encore la fédéralisation tout en élargissant encore l’Union. C’est insensé, il ne faut surtout pas accepter cela.