Etant donné les aspirations susmentionnées de ces deux tribunaux, quel avenir prévoyez-vous pour l’intégration européenne et pour l’Europe ? Comment la démocratie et les nations pourront-ils reprendre les contrôles de droit ?
Le conflit entre souverainistes (souhaitant un repli nationaliste) et européanistes (favorables à toujours plus d’Europe) me paraît stérile. De mon point de vue l’Europe est une nécessité conciliable avec le respect de la souveraineté étatique, et il est des domaines où il faut moins d’Europe et d’autres où il faut plus d’Europe.
Il faut penser une Europe économique face aux défis que représentent les USA et surtout la Chine. Penser une Europe culturelle, héritière des cultures grecque, romaine, chrétienne et des Lumières. Penser une Europe géostratégique qui doit clarifier et améliorer les rapports avec la Russie. …Mais l’Europe ne peut se construire que dans la compréhension et le respect des identités nationales.
Pour ce faire, il convient de déterminer clairement ce qui doit relever des compétences confiées à des structures, européennes, et les compétences qui doivent rester entre les mains des États. C’est ainsi, par voie de conséquences, les compétences de la Cour de Luxembourg qui seront clarifiées.
Il convient également de revoir les structures de pouvoir au sein de l’Union européenne. Un premier axe de réflexion doit porter sur la nécessité de mieux encadrer les pouvoirs de la Commission, et plus largement de la technostructure européenne. Le second axe porte sur le parlement européen, si l'on admet qu’il est l'organe démocratique de l'Union européenne, il convient de créer les conditions d'un véritable débat politique européen portant, non pas sur tous les sujets, mais sur les questions relevant de la compétence de l'Union. De ce point de vue, il convient de réfléchir à de nouvelles modalités d’élection des députés européens.
La résistance de certaines cours constitutionnelles aux décisions des cours supranationales (décision de la cour allemande sur la politique de la Banque centrale européenne), le refus des britanniques d’appliquer certaines décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, le projet de révision constitutionnelle russe visant à affirmer la suprématie du droit constitutionnel national sur les droits supranationaux, sont les symptômes d’un malaise.
Il convient que les Etats rappellent à la Cour qu’elle a pour mission de défendre un patrimoine commun et non pas d’imposer aux États de gommer de leur identité sociale et culturelle.