Miguel Ayuso est professeur titulaire de droit constitutionnel et de sciences politiques à l'Université pontificale Comillas (Madrid). Pendant une décennie (2009-2019), il a été président de l'Union internationale des juristes catholiques (UIJC), une association internationale privée de fidèles chrétiens, de droit pontifical, dotée de la personnalité juridique par le Saint-Siège. Il est également président du groupe sectoriel des sciences politiques de la Fédération internationale des universités catholiques (FIUC) et du Conseil Philippe II pour les études hispaniques. Il est l'auteur de plus de trente livres et de cinq cents articles, dont certains ont été traduits en anglais, français, italien, portugais, allemand, polonais, russe et hongrois.
Vous êtes venus á Hongrie sur la base de l'invitation de l’Université Nationale du Service Publique. Quelle était l’à-propos de votre visite ? Comment avez-vous vu la communauté universitaire et les jeunes Hongrois ?
L’Université Nationale du Service Public ha lancé l’edition des oeuvres complètes de Thomas Molnar, un philosophe hongrois exilé aux États Unis, mais jamais «americanisé». J'ai été parmis ses amis plus proches pendant plus de trente ans et même j’ai écris sur sa pensée à plusiers reprises. J’ai eu l’honneur de’avoir le keynote speech du colloque. Mais, en plus, j’ai fait des conférences plus genérales sur des questions de philosophie politique et droit publique, spécifiquement sur le pluralisme et le droit constitutionnel, où j’ai distingué entre la pluralité naturelle et le pluralisme idéologique. Et j’ai rencontré des collègues et personalités. En ce qui concerne la communauté universitaire en Hongrie,
je suis resté favorablement impressionné par la rigueur des professeurs et des élèves.
J'espère que la relation ne s'arrête pas là.
On peut commençer la conversation par une observation générale. L'humeur générale d'aujourd'hui, le bruit des sirènes favorise le changement constant dans la plupart des domaines de la vie. Mais tout changement est-il un progrès ? Le changement constant est-il synonyme de développement ? Ou devrions-nous avoir la responsabilité de préserver ce qui vaut la peine d'être embrassé dans une société ?
On utilise aujourd'hui, en fait, le terme changement comme synonyme de progrès. C'est la vision de l'histoire des Lumières, codifiée plus tarde par Auguste Comte: la raison humaine avance toujours de façon inexorable. La vision chrétienne, par contre, sait qu'il y eu un commencement, l'exitus, et il y aura un final, le reditus. Et entre les deux s'entremêlent des triomphes et des crises. Mais il n'y a pas une ligne toujours ascendante par laquelle l'homme se manifeste toujours plus puissant. On doit distinguer des changements positives et d'autres destructives. .
Le respect de la tradition (c'est qu'est digne d'être préservé et remise aux successeurs) fait partie de la vision du monde catholique.
Il existe également des méthodes d'interprétation constitutionnelle concurrentes dans le monde occidental. Alors que certains pensent que les constitutions sont le vecteur d'une évolution constante, d'autres s'attachent à préserver ce que la constitution envisage à l'origine. Quel est, selon vous, le rôle des constitutions et du contrôle constitutionnel par les tribunaux ? Quelle est votre expérience dans votre propre pays et comment voyez-vous le constitutionnalisme européen dans cette perspective ?