D'un autre côté, on peut aborder la politique extérieure de l’UE en matiére d’invistissement. Le traité de Lisbon a intègré la politique d’investissement dans la politique commerciale commune qui rattache vette politique comemrciale communes la compétence exclusive de l’Union. L’UE est en train de conclure des traités qui aspire à meilleurs équilibrer des intérêts divers. Comment peut-on évaluer cette aspiration ? Est-ce que la reconnaissance d’une compétence européenne avec les Etats tiers en matière d’invistissement et l’accroissement du pouvoir de négociation par l’action unique européenne serait plus favorable pour les pays exportateur de capital tel l’Allemagne ou pour les pays importateurs des capitaux tel l’Hongrie ?
Oui il me semble que c’est une très bonne chose. La voix de l’UE est évidemment plus écoutée que celle des États pris individuellement et la puissance économique considérable de l’Union lui donne naturellement un poids considérable dans les négociations. L’UE tente à cet égard de défendre un modèle, celui de traités tenant plus grand compte de l’environnement, des droits de l’homme et de l’exigence de justice. En soi c’est une très bonne chose et sur le fond les traités ou projets de traités marquent des progrès réels. Sur le plan juridictionnel, l’UE essaie d’imposer un projet de cour multilatérale qui remplacerait les tribunaux arbitraux. Cela peut fonctionner mais cela peut aussi risquer de refroidir certains partenaires stratégiques puissants (à commencer bien entendu par la Chine ou les États-Unis) qui pourraient ne pas souhaiter s’engager dans une nouvelle juridiction permanente, qui plus est aussi marquée par l’empreinte européenne. Mais en tous les cas je pense que les importateurs comme les exportateurs ont tout à y gagner car importer ou exporter de l’investissement depuis ou vers un État membre, c’est l’importer ou l’exporter depuis ou vers l’UE, qui est peut-être la zone la plus riche du monde.
C’est dans ce context il y a une question très intéressante. Le Royaume-Uni qui a récemment quitté l’UE, n’a jamais officiellement mis fin aux traité bilateraux conclus avec les pays de l’Europe central, même si elle était obligée par le droit de l’UE. La Commission a lancer une procédure d'infraction. Quel est le statut juridique des traités bilateraux ?
Tant qu’ils ne sont pas dénoncés, ils restent valides. En réalité il faut comprendre qu’ils sont totalement indépendants du droit européen : ce sont des instruments de droit international. Même si le Royaume Uni était condamné (c’est possible car il peut être jugé avoir été en infraction au temps où il était membre de l’Union), il pourrait avoir des sanctions en droit européen mais rien en droit international ne pourrait le forcer à y mettre un terme. En revanche les États membres de l’UE pourraient être condamnés de leur côté. Mais surtout l’Union européenne joue gros sur ce point, pour ne pas être concurrencée par le Royaume Uni. Le risque pourrait être que des investisseurs de pays tiers s’implantent au Royaume Uni en profitant de traités signés avec leurs États d’origines et que, de là, ils profitent de l’accord UK / UE pour entrer sur le marché européen sans forcément bénéficier aux États membres de l’Union puisque l’essentiel des actifs sera au Royaume Uni.
La « Conférence sur l'Avenir de l'Europe » aspire à offrir un forum de discussion sur les réformes nécessaires de l’UE de même que sur l’avenir du continent européen. Comment faudrait-il, selon vous, reformer ou reconstruire la politique extérieure de l’UE en matiére d’invistissement pour améliorer la compétitivité des pays et des entreprises européens ?
Peut-être d’abord, réconcilier l’investissement direct (qui relève de la compétence exclusive de l’UE) et l’investissement de portefeuille (qui relève d’une compétence partagée). Cette séparation rend la politique européenne difficilement lisible. Ensuite, même si on peut comprendre sa position du point de vue juridique et politique, la Cour de justice a affiché une telle hostilité vis-à-vis de l’arbitrage d’investissement que l’Europe doit sans doute reconstruire une image un peu plus attractive pour les opérateurs économiques. A titre personnel je regrette vraiment le refus d’ouvrir le renvoi préjudiciel aux tribunaux arbitraux. Surtout, il est impératif que le projet européen de cour permanente pour remplacer les tribunaux arbitraux voie le jour rapidement et qu’il fasse ses preuves. On risque de s’apercevoir assez vite que ce système ressemble en réalité beaucoup à l’arbitrage, ce qui pourrait donner l’impression d’avoir fait beaucoup de bruit pour rien. Toutefois, il est important que l’Union tienne, dans la ligne du green deal, sa position ferme sur l’investissement vert et durable. Elle a sans aucun doute un coup à jouer ici, pour s’affirmer comme le leader d’une économie décarbonnée. A cet égard la réforme du traité sur la Charte de l’énergie [qui date de 1994 et qui démarre à peine, mais les discussions sont rendues compliquées par la situation géopolitique, notamment autour de l’Ukraine], qui continue aujourd’hui de protéger les investissements dans les énergies fossiles, est porteuse d’un enjeu majeur.